samedi 24 octobre 2009

Mount Field and Hartz Peak

Après quelques heures le cul coincé dans ma voiture, une petite promenade jusqu’aux cascades (Russel Falls) nous fait le plus grand bien (à moi et à mes fesses).

Russel Falls, éblouies par le soleil de fin d'après-midi.


Et je me renseigne sur les prévisions météo. Le ranger moustachu me répond que les conditions pour gravir le Mt Field West seront idéales demain. Pif paf pouf je décide d’y aller demain, histoire de faire un sommet en Tasmanie. Je m’acquitte des 10$ pour planter la tente, entouré de pademelons qui broutent sans relâche mais lâchent des petites crottes partout autour.

Quatre pademelons (deux qui broutent et deux cachés dans les poches)


Le lendemain matin, lever sous une petite pluie fine, café et barres de céréales, pliage de tente et en route pour 30 minutes de voiture sur la piste menant au départ du sentier. J’espère voir le ciel se dégager, malheureusement tout ça reste couvert. Motörhead et Iron Maiden à fond pour mettre la patate, je me gare au bord d'un lac, je coupe le moteur, je respire un grand coup, j'actionne prestemment la poignée de la porte, je sors de la voiture, je mets mon bonnet style Manu Chao, et c’est parti mon kiki, 6 heures de marche au programme.

Je me régale du paysage, ces petits lacs glaciaires (des « tarns »), c’est bien plus joli que l’over-rated-land track et en plus j’ai les pieds secs.



Une éclaircie!


Un petit ruisseau qui coule joyeusement à travers la montagne !


Par contre ça se dégage pas vraiment, je repense au ranger, à sa moustache et à ses ‘conditions idéales’. J’arrive même à perdre la trace du ‘sentier’ à plusieurs reprises, ce qui n’est franchement pas une performance puisque les touffes d’herbes masquent le mince ‘sentier’ et que le brouillard masque les poteaux indicateurs. Bref, j’ai droit à une heure de zig-zags en extra. Et en plus j’ai des musiques débiles qui résonnent à mes oreilles (Les Rois du Monde de la comédie musicale Roméo & Juliette ; pourquoi ces paroles me reviennent en tête alors que je gravite au milieu de nulle part en Tasmanie ? encore une question que la science n’a pas résolu jusqu’à ce jour.) Et pi après il commence à flotter, le sommet est désormais complètement masqué par les nuages ; je décide de continuer jusqu’au K-col pour manger un morceau à l’abri dans le petit cabanon. En mangeant mon sandwich au thon-oignon-tomate, je lis les messages inscrits sur les murs. Entre deux bouchées, j’apprends notamment que Kate, Lyn, Kelly et Jacky ont passé 3 nuits consécutives dans cette cabane, bloquées par une tempête de neige. J’espère qu’elles avaient amené un jeu de cartes pour passer le temps. En avalant mon deuxième sandwich j’apprends que c’est tout de même Sir Edmund Hillary qui inaugura ce cabanon le 13 Avril 1960. Pas le temps de m’attarder, j’ai pas envie de passer trois nuits dans la cabane, adieu mes ambitions de sommet, je prends le chemin du retour, sous la neige, régulièrement rythmé par des rots parfumés à l’oignon. Je marche sur et dans la neige. Les rois du monde sont sortis de ma tête, chassés par un florilège de chansons paillardes.

En revenant de Nantes la digue-euh la digue-euh… ça neigeait et ça ventait!


J’arrive enfin à la voiture, les pieds trempés (pour changer !) mais quand même bien content de ma journée. Il est 14h00, douche gratuite au camping, chocolat chaud en étudiant la route et le lonely planet.
Prochaine étape : Hartz NP.

Je roule je roule je roule, je traverse Hobart (la capitale de l’état), je longe le fleuve Huon, passe Huonville et m’arrête sur une aire de pic-nic camping gratuit. Il est déjà 19h00, juste le temps de manger un morceau et monter la tente avant qu’il ne fasse noir.

Et le lendemain matin, saperlipopette je découvre mon bout de fromage sur le sol de la voiture, à moitié dévoré. Bon j’me dis, Christophe mon garçon soit t’es somnambule, soit y’a une bestiole qui s’est fait un festin avec ta pitance. J’opte pour la deuxième hypothèse, ce qui expliquerait l’origine des ptites crottes sur le siège passager. Deux solutions : soit la bestiole (probablement un opossum) a festoyé hier soir pendant que je montais la tente, soit quand je suis sorti de la voiture auquel cas elle y serait toujours. J’ouvre les portes en grand, regarde prudemment sous les sièges…rien. Je bois mon café. Je conduis jusqu’à l’entrée du Parc, m’attendant à tout moment de voir un opossum surgir du coffre et me sauter sur la tête, criant et chiant un peu partout sur le tableau de bord. Rien. Tant mieux. Quiconque a des infos sur ce voyou se verra dignement récompensé, passque si j’le chope j’me fais des pantoufles avec sa fourrure.

Le brouillard, toujours le brouillard...

Ça se dégage peu à peu, et j’aperçois par moments le Hartz Peak. Je me dépêche d’atteindre le sommet tant qu’il fait beau. Gravissant les pics de dolérite tel un chamois asthmatique et boiteux, j’essaye de me souvenir ce qu’est une dolérite. (Dolérite : roche magmatique intermédiaire, entre les gabbros (grenus) et les basaltes (microlithiques) ; ces roches sont souvent altérées et verdies (ouralitisation des pyroxènes).

Hartz Peak, au loin...

Bon bah finalement, non, c’est toujours bouché. Je mange des m&m’s en maudissant la météo tasmanienne (et la moustache du ranger de Mt Field).


AAAléluia! Alléluia! Allééééélluuuuiiiiiaaaaaaaaaaaaa ! Eclaircie!!

Une pose naturelle, décontractée, dans l'air du temps...

Lors de la redescente, le pic se couvre de nuages à nouveau, et tous les marcheurs que j’ai croisés, leur vantant une vue magnifique, n’ont certainement pas pu en profiter. J’ai l’impression d’être Esteban le fils du Soleil, comme dans les Mystérieuses Cités d’Or.


Je progresse vers le Sud, jusqu’à Cockle Creek, un site de camping gratuit.

La vue depuis la fenêtre de ma tente.

Et une photo historique ci-dessous :
Un panneau indique qu'il s’agit du 'D’Entrecasteaux Watering Place', le lieu où Bruny D’Entrecasteaux (le chevalier D'Entrecasteaux était un navigateur français) mouilla. Un peu d’histoire. Pour résumer, Louis XVI avait commisionné Lapérouse d’une mission d’exploration scientifique autour du globe vers 1783. Le commandant Lapérouse, son équipage et le bateau ne revirent jamais. Sa mission était d'ordre scientifique mais aussi et surtout pour trouver des nouveaux sites pour la marine française afin d’éviter de s’arrêter dans les ports de la perfide albion ou des hollandais, perfides eux aussi tiens ! Louis XVI aurait déclaré "Si vous ne retrouvez pa Lapérouse, y'a des têtes qui vont tomber!" Quelques années plus tard donc, en 1791, Loulou charge le chevalier D’Entrecasteaux de retrouver Lapérouse (des fois qu’il se serait arrêté sur une île paradisiaque des Caraïbes pour siroter des cocktails de rhum apportés par des naïades aux seins bronzés). Brunysur La Recherche et son pote Huon de Kermadec sur l'Espérance, partent de Brest direction le Pacifique et passent notamment par le sud de la Tasmanie; le pin Huon, la vallée Huon, la ville d'Huonville, Bruny Island et bien d'autres furent nommés d'après les deux voyageurs. Bruny mourrut du scorbut en 1793, mais moi j'pense qu'il avait rejoint Lapérouse sur son île paradisiaque pour y boire des ti'punch.


Donc, site historique, hipipipourra; ça mérite de plus amples recherches, quand j'aurai un peu plus de temps.




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Tasmaniaque


Résumé de l'épisode précédent:
Christophe a passé trois jours les pieds dans l'eau sur l'Over(rated)land Track. Il était tout content d'arriver dans une bonne aubeeeerge, avec un plat chaud et les pieds secs...



Et je 'kick back and relax' dans la bonne aubeeeerge, ambiance pepere-comme a la maison, normal puisque c'est une grande maison dont les chambres ont ete reamenagees en dortoirs. Et en plus on y trie et recycle les dechets, suffisament rare pour etre signale.


La suite, un p'tit tour dans la rue principale de Deloraine, qui serpente jusqu'a la riviere. Y'a plein de petites sculptures le long de la rue : des pompiers, un pecheur, etc...

Sur cette sculpture on voit un roo, un wombat et 2-3 oiseaux. Le long de la riviere y'a des sculptures plus grandes et plus 'abstraites'. Je prends mon cafe en terrasse, au soleil. Et c'est bien.

S'ensuit un p'tit tour aux alentours de Deloraine et Mole Creek.

Avec des vaches poilues...



Et je visite le parc animalier de Trowunna, avec ses diables de Tasmanie, wombats, wallabies etc...

Les diables de Tasmanie, ca ressemble pas du tout a ca :

copyright WarnerBros et cie gnagngagna...

Mais a ca:

Voila deux diables de Tasmanie. Qui ne sont pas du tout diaboliques, et plutôt peureux. Appartient a la famille des dasyuridae (marsupial carnivore), declare espece en danger depuis mai 2009, menace par la propagation du cancer de la face, et aussi par la presence de renards, un animal beaucoup plus malin qui a su evoluer et s'adapter, contrairement au diable de tasmanie, qui est reste le meme animal plutot simplet depuis des milliers d'annees. Autre fait interessant: le diable de tasmanie mange autant que possible des que l'occasion se presente, et peut ainsi avaler de 20 a 40% de son poids en 30 minutes. Et il mange tout: la chair, les os, la fourrure.

A table! En moins de 20 minutes il ne restait plus rien de la carcasse.


Quelques photos de wallabies :





Un wallaby contorsionniste...


Le lendemain, je roule vers le sud a travers la region des grands lacs. Un premier arret aux Liffey Falls, zone classee au patrimoine mondial de l'humanite. Avec des jolies forets, plus jolies que l'over-rated-land track, et en plus ici on a les pieds au sec.

La foret...


On dirait des queues de singe, enfoncées dans l'arbre.

Les Liffey Falls...Je suis fier de mes photos, sachant qu'aucune n'est cadree puisque l'ecran est cassé.


Je continue la route, beaucoup de brouillard dans la region des lacs. Rossinante, mon fier destrier, ma monture, ma voiture (qui a passe le cap des 10 000 kms depuis Perth) souffre avec sa transmission automatique sur les ptites routes qui serpentent a travers la montagne. Puis le brouillard se dissipe peu a peu, laissant apparaitre un ciel bleu et de l'herbe verte.

Le ciel bleu avec l'herbe verte.


Un panneau sur le bord de la route annonce "Steppes Sculptures ->200m". Et voila ce que le voyageur curieux decouvre au milieu d'une clairiere :

Donc voilà, les douze belles sculptures, réalisées et données par Stephen Walker, 12 hommages à la faune exceptionnelle de la Tasmanie.

J’vous l’dis de butte en blanc, ça en impose ! Le balancement des eucalyptus et le doux bruissement des feuilles au gré du vent ajoutent à la magie du moment, le soleil qui illumine la clairière, les 12 sculptures plantées là, au beau milieu de la Tasmanie, ah béh ça m’a émerveillé.


J’ai pris des photos de chacune de ces œuvres d’art, et le pas léger je prends le petit chemin qui serpente à travers les bois, sans avoir aucune idée de la destination. 15 minutes plus tard j’atterris dans une autre clairière, plus vaste, avec une belle petite maison et quelques cabanes.

Une note du PWS (Parc and Wildlife Services) informe le visiteur (moi) qu’il s’agit d’un site historique occupé jadis par des immigrants d’origine irlandaise ou anglaise j’sais plus qui géraient la forêt et notaient les observations météorologiques.

Un peu jaloux de celui qui habite là désormais, je reprends la route, alternance de bitume, de terre et de graviers, toujours en bordure des lacs. Des aigles (wedge-tailed eagles) se régalent des victimes de la route, wombats, wallabies… Le paysage change peu à peu : vertes collines et blancs moutons. Un truc marrant : il y a des élections municipales très bientôt, et tous les 100mètres environ une maison expose une pancarte pour son candidat favori : ‘Votez Jacky’ ‘Votez Gary’ ‘Votez Jean Louis’ ‘Votez Francis’.
Et j’arrive au Mt Field NP




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Overland Track

"The stunning scenery and the physical challenges of this mountain walk have ensured that the Overland Track has built a national and international reputation as one of the great wilderness bushwalks"

L'Overland Track, c'est une marche d'environ 70kms entre Cradle Valley et le lac St Claire, au milieu du 'World Heritage Area' de la Tasmanie. Sur le papier ça a pas l'air difficile, très peu de dénivelé. Sauf que...c'est boueux, humide, très boueux et très humide, notamment au printemps avec la fonte des neiges, qui rend le chemin encore plus boueux et humide. Le sentier a été aménagé sur de larges portions: des planches de bois, plus ou moins récentes, plus ou moins stables...j'y reviendrais plus tard...


Premier Jour.

Nous sommes donc vendredi matin, je gare la voiture au parking de Ronnie Creek, et c'est parti mon kiki! Des provisions pour 4 jours, sacs plastiques pour garder mes vêtements chauds et imperméables et de rechange au sec, tente, sac de couchage, matelas, appareil photo chargé à fond, et moi aussi. J'ai l'intention d'avancer au maximum le premier jour, pour pouvoir aller sur le Mt Ossa (point culminant de la Tasmanie, 1667m) si le temps est dégagé par la suite.7h45, premier pas sur l'Overland Track.


Un Pademelon, interrompu pendant son petit déjeuner, par un français avec un gros sac à dos.


Vue sur Cradle Mountain, à moitié caché par le brouillard...


Et on arrive sur la partie enneigée, environ 200 mètres. N'ayant pas mes grosses chaussures de montagne, je longe la neige pour ne pas me mouiller les pieds. Mauvaise idée, avec la neige qui fond il n'y a que des marécages tout autour. Bien joué Christophe. J'ai les pieds trempés. Il est 8h25.


Le brouillard retombe...

Le brouillard, toujours le brouillard...


Le chemin menant à Waterfalls, la première 'hutte' du parcours.


Voilà le type de sentier que c'est l'Overland. Plus ou moins aménagé,plus ou moins détruit par les intempéries. Impossible de profiter du paysage, on doit constamment garder les yeux rivés sur le sol. Ces aménagements ont été installés pour ne pas dégrader les plantes, et pour faciliter la marche. Néanmoins, il y a beaucoup de planches pourries sur le sentier, gorgées d'eau, glissantes, instables. Forcément, c'est quand tes chaussures commencent à sécher que tu poses le pied sur une planche pourrie qui s'enfonce de 10 centimètres dans l'eau. Et meeeeeeeeerde!
Sur l'Overland Track, en fait, tu passes ton temps à évaluer le meilleur chemin pour chacun de tes pas, t'essaye de résoudre des équations compliquées dans ta tête pour savoir quelle est la surface la plus sûre pour poser ton pied.
Obligé de s'arrêter, de casser le rythme de la marche et se demander quelle est la meileure solution? La première planche à l'air pourrie, les 2e et 3e planches sont à moitié recouvertes d'eau, et sur le côté droit la végétation ressemble à une énorme éponge saturée d'eau; sur le côté gauche il y a une flaque tellement grande que je sais même pas si j'aurai pied en la traversant.
Parfois, t'as déjà le pied en l'air que tu sais pas encore où tu vas le poser. Shplouf! Raté! Et c'est comme ça sur 90% du parcours :)



J'avais l'impression d'être une petite ballerine dansant à l'opéra. Une petite ballerine de 80 kilos avec un sac de 20 kilos qui sautille sur des planches en bois pourries; et glissantes. J'ai souvent glissé. Heureusement, avec mon sens de l'équilibre inné, aiguisé par les cours de surfs de Scarborough, j'suis pas tombé!

****Jeu Interactif****
****Si vous voulez vivre l'expérience de l'Overland track sans sortir de chez vous****
1° Prenez une douche froide, tout habillé, pendant 20 minutes ou jusqu'à ce que vos chaussettes deviennent des éponges;
2° Marchez dans de la boue jusqu'à hauteur des chevilles;
3°Lisez en boucle le texte qui suit, pendant 5heures par exemple:

"Schouik-shouik, shouik-shouik, shouik SHPLAF et merde! schouik zwiiiiip! oupitainjaifaillitombé schplouf! oh re-meeeerde! schouik-schouik, schouik-schouik..."

Vue sur le 'Barn Bluff'.


Vue sur je sais plus, mais j'étais content de voir un coin de ciel bleu!!


Un des nombreux lacs, le lac Holmes.

Proche du lac Wintermere:
Un wombat! Un marsupial qui aime manger, et se gratter, et manger, et se gratter, etc...


Le wombat, pas peureux, prends la pose.

Elle est pas mignonne cette grosse boule de poils?

Voilà, c'était la dernière photo cadrée. 5minutes plus tard, après 17 kilomètres et 5 heures de marche, j'arrive au refuge de Wintermere, et voulant montrer les photos du wombat au couple de québécois, je m'aperçois que l'écran de mon appareil photo ne marche plus; écran blanc, rien, nada, nothing, kaput, fais chier.
Je compte m'arrêter juste le temps de manger puis repartir pour New Pelion Hut; j'enlève mes chaussettes, les presse pour les essorer, et pose mes chaussures au soleil pour les faire sécher un minimum... Jef, le québécois, me propose de poser mes souliers près du poêle; ça se refuse pas; la perspective de passer tranquillement l'après-midi les pieds au sec est trop forte. J'irai demain à New Pelion Hut.
On est que 4 dans ce refuge, Jef et Kathleen de Québec, et Mike de Brisbane. En discutant avec eux, je m'aperçois que mon doux rêve de trouver transport depuis le lac St Claire va être difficile à réaliser. L'Overland n'étant pas une boucle, il est nécessaire de réserver un bus avant de se lancer à l'assaut du fameux chemin boueux. Jef m'apprend que ça coûte cher (100$ par personne si on est trois), et que l'on est obligé de passer une nuit dans le patelin à côté du lac St Claire. Perte de temps et d'argent. Bref, ça sent le caca cette histoire. Moi, je pensais naïvement arriver (puant de transpiration) au lac St Claire et trouver un bus, ou des compagnons randonneurs allant à Cradle Valley, ou être pris en stop par Scarlet Johansson en vacances dans la région; ou encore trébucher sur une lampe magique, réveiller le bon génie avec trois vœux à exhausser.

On se change les idées en partant à la recherche d'autres wombats. A moins de 200mètres du refuge, on en voit un autre, pas peureux, qui passe son temps à manger pendant qu'on le photographie.
On mange, on joue au 'Trou du cul' (rien de sexuel, c'est juste un jeu de cartes). On va au lit.


Deuxième Jour.
On part de Wintermere, direction New Pelion Hut, 16 kilomètres au programme.
Le ciel est couvert, mais il ne pleut pas. Pendant plus d'une heure je réussis à garder mes pieds au sec! On traverse une 'rainforest' (forêt humide?), plutôt joli, mais super-casse-gueule: beaucoup de racines et pierres glissantes. Je mouille le pied gauche d'abord, puis le pied droit, résigné.

Au milieu de la rainforest, je garde le sourire malgré mes pieds trempés.


Voilà les "magnifiques paysages" de l'Overland Track. Franchement, ça casse pas trois pattes à un pigeon voyageur...Beaucoup de plaine, un paysage de steppe, et quand le brouillard se dégage on voit des montagnes, certes, mais plutôt petites, pas très spectculaires. Je m'attendais à beaucoup mieux comme paysages.

On arrive enfin à New Pelion Hut. J'ai les pieds trempés avec des ampoules en formation. J'ai mal aux épaules aussi, parce que j'ai pas l'habitude de porter le sac pendant de longues heures. On met les affaires à sécher près du poêle, on se change, ''on met un gros gilet et c'est bin plaisant, caaalice!''

Mt Oakleigh, vu depuis New Pelion Hut. Pas mal pour une photo pas cadrée, hein?

C'est bizarre, j'oublie un peu tout ici. L'Australie, Perth, Darwin, la France. Je ne pense qu'à mes pieds et à la distance à parcourir demain. Jef et Kathleen sont indécis et réticents à rebrousser chemin, mais pour moi ma décision est prise. Pas question de poireauter à Lake St Claire à attendre un moyen de transport. Bien sûr je préférerai faire la piste en entier, de A à Z. Mais c'est pas possible pour des raisons logistiques; et pi j'en ai vu suffisamment de l'overland track, on a croisé des randonneurs qui nous ont dit que la plus belle moitié était celle que l'on venait de faire. C'était joli par moments, c'est vrai, mais pas magnifique non plus, 'faut pas déconner. Donc demain, demi-tour; et plutôt que d'avoir les pieds mouillés pendant deux jours, je vais faire tout en une grosse journée de marche, avec la satisfaction d'avoir une douche chaude et un vrai repas le soir.

Troisième Jour.
Départ 7h04, sous un brouillard épais, un peu craintif avec mes ampoules, mais une fois dans les chaussures ça va. J'avance plutôt vite, 3h30 pour rejoindre Wintermere, au lieu des 4heures annoncées par la brochure. Je ne m'arrête presque pas, pour ne pas me refroidir, et parce que ça fait mal aux pieds quand je repars. A mi-chemin, il pleut. 1h45 plus tard je suis à Waterfalls Hut, et j'ai les pieds trempés. J'ai l'impression d'avoir un litre d'eau dans chaque godasse. Je continue, sans vraiment faire attention aux flaques d'eau désormais. Dernière ascension pour arriver sur le plateau, et là le vent se lève et souffle assez fort, et je commence à fatiguer un peu, après 6heures de marche.Le chemin paraît plus long.
Chouik schplaf chouik chouik schplouf chouik zwiiiip schplaf scplouf schplouf...
Enfin j'atteins la zone enneigée, la descente, l'arrivée rapide au parking. Il est 15h00. Agréable surprise, j'arrive avant les 9heures annoncées par la brochure. Un peu moins de 8 heures pour avaler les 34 kilomètres depuis New Pelion, je suis plutôt content!

Je me change à la voiture, je mets le chauffage à fond et dévore le toblerone de 200g. Je conduis jusqu'au café de Cradle Valley, prendre un chocolat chaud;les pieds douloureux je marche en canard. Les chaussures ont déteint sur mes ongles et mes pieds, qui sont d'une belle couleur noir-bleu pétrole, laissant suggérer que j'ai la peste, la lèpre ou le scorbut, ou quelconque maladie moyenâgeuse.
Je reprends la route, direction je ne sais trop où.Direction Deloraine. De ce côté de la Tasmanie, il fait beau. Au bord de la route, il y a des p'tits vieux qui s'occupent de leur potager ou de leurs fleurs, et au loin des vaches et moutons qui broutent tranquillement, loin de se douter qu'aujourd'hui un homme exceptionnel a marché pendant 8 heures sous la pluie, et qu'il en est content.
Le backpacker de Deloraine, c'est pépère, c'est comme à la maison. Normal, c'est une maison dont les chambres ont été réaménagées en dortoirs. Située sur les hauteurs de la ville, on jouit d'une vue panoramique sur les p'tits vieux, leurs potagers et les moutons.
Douche chaude comme je m'étais promis; double plat de pâtes; vin rouge; chocolat. Un lit avec un vrai matelas; et un oreiller. Le luxe.





Discover the playlist overland track with Creedence Clearwater Revival

Tasmanie

Alors je continue, on embarque sur le ferry "Spirit of Tasmania", les voitures à la queueleuleu, tout le monde s'éclate à la queueleuleu. Ca prend une bonne heure, mais je suis cool, puisque je quitte Melbourne pour une île qui compte 19 parcs nationaux, et dont un cinquième du territoire est classé au Patrimoine Mondial de l'Humanité.
Très classe le ferry. Je vais jeter un coup d'oeil sur le pont, et accessoirement au bar, qui à ma grande surprise est vide. Je vais alors à l'étage du dessous, qui est bondé, normal, ici les bars sont ouverts. C'est comme si tous les passagers avaient désertés leur cabine pour se désaltérer. Je commande une bière Cascade (LA bière des Tasmaniens) et me pose dans un des nombreux fauteuils à disposition. J'entame la lecture du nouveau bouquin de Bill Bryson ('The thunderbolt kid', sur son enfance), bien plus rigolo que Dostoïevski.
Après une nuit plutôt confortable (j'avais intelligemment ramené un oreiller de ma voiture), on arrive vers 6h00; pas bien réveillé, je trouvais plus ma voiture, je me souvenais plus de l'étage...bref, à part ça, le débarquement se fait rapidement.
Je sors du port, ne sachant pas encore si j'entame mon tour de la Tasmanie par l'Est ou par l'Ouest, je vais m'acheter un sandwich (super intéressant, hein?). Pif-paf-pouf-plouplouf je vais à l'Ouest.

Il est tout juste 7h00, et à mes oreilles résonnent la phrase d'un anglais que j'avais rencontré lors de ma première semaine à Perth l'an dernier, et qui m'avait dit "You can't leave Australia without going to Tassie, mate! It's fucking amazing, mate!". Effectivement, la Tasmanie, c'est joliiiii !

Clic droit (ouvrir dans un nouvel onglet) pour agrandir.


Premier arrêt à Penguin, jolie petite ville balnéaire, je prends mon café (un long macchiato pour ceux que ça intéresse) au 'Groovy Penguin Coffee' à la décoration très kitsch style années 6O, juste en face du pingouin en béton qui trône fièrement sur la place principale.


Le grand pingouin de trois mètres de haut...

Jusque là, tout va bien. Sauf que, placardé sur la porte, la publicité pour '1 day suicide intervention course' me titille. C'est glauque. Pourquoi offrir une formation d'intervention en cas de suicides dans une si paisible ville? Bref, je termine mon café et continue la route, direction Burnie.

Arrêt à l'office de tourisme, je paye le pass pour l'accès aux Parcs Nationaux, 56$, c'est pas donné mais valable 2 mois et ça permet de financer leur entretien. J'essaye de trouver un accès internet. Je tente d'expliquer au gars de l'office du tourisme comment ça marche le wifi, wireless, internet sans fil... Sans succès. Tant pis.
Je visite le musée de Burnie, où a été reconstitué une rue de l'époque des pionniers, avec moult détails. Etant seul dans le musée, je profite pleinement des moult détails.

La rue reconstituée. Avec ses moult détails.

S'ensuit une dégustation de fromages dans les collines surplombant Burnie, une liqueur de whisky parfumée au café pour se nettoyer la glotte, et ça repart.

Aux alentours de Wynyard, des champs de tulipes apportent une touche de gaieté qui compense le temps pourri.

Un champ de tulipes multicolor. Autour, y'avait d'autres champs avec des moutons, mais ils étaient pas multicolors eux, juste blancs.

Dans le Rocky Cape National Park, petites promenades le long de la côte, avec vue sur des caves habitées pendant des millénaires par les populations aborigènes.

La côte Nord-Ouest de la Tasmanie...

La route continue jusqu'à Stanley, connue pour 'The Nut', une formation volcanique plutôt photogénique.

Vue sur 'The Nut'...


Vus sur 'The Nut', sans les vaches...


Il est plutôt cool le Jésus à Stanley, Peace & Love bro' !


Le deuxième jour, après un costaud p'tit-dèj', je descends la côte ouest, jusqu'à Arthur River et 'The Edge of the World', le bout du monde. Car si tu pars tout droit à partir de ce point, il n'y'a aucune terre avant l'Argentine.

The Edge of the World.

Je continue la route, direction Corinna, en suivant une piste de graviers. La pluie s'installe peu à peu.

Passage d'un pont en bois, en allant sur Corinna.


La 'route' de graviers, qui ondule dans le paysage tel euh...un serpent, et le ciel grisâtre, qui menace d'un orage tel un serpent aussi.
Et quand j'arrive à Corinna, voilà ce que je vois:

Ayant regardé en hâte la carte, j'avais pas vu la rivière; on peut la traverser sur une barge deux fois par jour. Pour patienter, on a l'embarras du choix: une promenade dans la forêt en amont de la rivière, ou bien la visite du cimetière des pionniers où l'on peut voir les répliques en plastique de deux tombes d'époque, ou encore une fantastique promenade dans la merveilleuse forêt en aval de la somptueuse rivière. Je reprends donc la route, fais un crochet par Savage River, toujours sous la pluie, et j'arrive à Cradle Valley, lieu de départ de l'Overland Track. J'achète la carte du Parc.
Demain, je serai sur l'overland track.


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