Et je me renseigne sur les prévisions météo. Le ranger moustachu me répond que les conditions pour gravir le Mt Field West seront idéales demain. Pif paf pouf je décide d’y aller demain, histoire de faire un sommet en Tasmanie. Je m’acquitte des 10$ pour planter la tente, entouré de pademelons qui broutent sans relâche mais lâchent des petites crottes partout autour.
Le lendemain matin, lever sous une petite pluie fine, café et barres de céréales, pliage de tente et en route pour 30 minutes de voiture sur la piste menant au départ du sentier. J’espère voir le ciel se dégager, malheureusement tout ça reste couvert. Motörhead et Iron Maiden à fond pour mettre la patate, je me gare au bord d'un lac, je coupe le moteur, je respire un grand coup, j'actionne prestemment la poignée de la porte, je sors de la voiture, je mets mon bonnet style Manu Chao, et c’est parti mon kiki, 6 heures de marche au programme.
Par contre ça se dégage pas vraiment, je repense au ranger, à sa moustache et à ses ‘conditions idéales’. J’arrive même à perdre la trace du ‘sentier’ à plusieurs reprises, ce qui n’est franchement pas une performance puisque les touffes d’herbes masquent le mince ‘sentier’ et que le brouillard masque les poteaux indicateurs. Bref, j’ai droit à une heure de zig-zags en extra. Et en plus j’ai des musiques débiles qui résonnent à mes oreilles (Les Rois du Monde de la comédie musicale Roméo & Juliette ; pourquoi ces paroles me reviennent en tête alors que je gravite au milieu de nulle part en Tasmanie ? encore une question que la science n’a pas résolu jusqu’à ce jour.) Et pi après il commence à flotter, le sommet est désormais complètement masqué par les nuages ; je décide de continuer jusqu’au K-col pour manger un morceau à l’abri dans le petit cabanon. En mangeant mon sandwich au thon-oignon-tomate, je lis les messages inscrits sur les murs. Entre deux bouchées, j’apprends notamment que Kate, Lyn, Kelly et Jacky ont passé 3 nuits consécutives dans cette cabane, bloquées par une tempête de neige. J’espère qu’elles avaient amené un jeu de cartes pour passer le temps. En avalant mon deuxième sandwich j’apprends que c’est tout de même Sir Edmund Hillary qui inaugura ce cabanon le 13 Avril 1960. Pas le temps de m’attarder, j’ai pas envie de passer trois nuits dans la cabane, adieu mes ambitions de sommet, je prends le chemin du retour, sous la neige, régulièrement rythmé par des rots parfumés à l’oignon. Je marche sur et dans la neige. Les rois du monde sont sortis de ma tête, chassés par un florilège de chansons paillardes.
J’arrive enfin à la voiture, les pieds trempés (pour changer !) mais quand même bien content de ma journée. Il est 14h00, douche gratuite au camping, chocolat chaud en étudiant la route et le lonely planet.
Prochaine étape : Hartz NP.
Je roule je roule je roule, je traverse Hobart (la capitale de l’état), je longe le fleuve Huon, passe Huonville et m’arrête sur une aire de pic-nic camping gratuit. Il est déjà 19h00, juste le temps de manger un morceau et monter la tente avant qu’il ne fasse noir.
Et le lendemain matin, saperlipopette je découvre mon bout de fromage sur le sol de la voiture, à moitié dévoré. Bon j’me dis, Christophe mon garçon soit t’es somnambule, soit y’a une bestiole qui s’est fait un festin avec ta pitance. J’opte pour la deuxième hypothèse, ce qui expliquerait l’origine des ptites crottes sur le siège passager. Deux solutions : soit la bestiole (probablement un opossum) a festoyé hier soir pendant que je montais la tente, soit quand je suis sorti de la voiture auquel cas elle y serait toujours. J’ouvre les portes en grand, regarde prudemment sous les sièges…rien. Je bois mon café. Je conduis jusqu’à l’entrée du Parc, m’attendant à tout moment de voir un opossum surgir du coffre et me sauter sur la tête, criant et chiant un peu partout sur le tableau de bord. Rien. Tant mieux. Quiconque a des infos sur ce voyou se verra dignement récompensé, passque si j’le chope j’me fais des pantoufles avec sa fourrure.
Ça se dégage peu à peu, et j’aperçois par moments le Hartz Peak. Je me dépêche d’atteindre le sommet tant qu’il fait beau. Gravissant les pics de dolérite tel un chamois asthmatique et boiteux, j’essaye de me souvenir ce qu’est une dolérite. (Dolérite : roche magmatique intermédiaire, entre les gabbros (grenus) et les basaltes (microlithiques) ; ces roches sont souvent altérées et verdies (ouralitisation des pyroxènes).
Je progresse vers le Sud, jusqu’à Cockle Creek, un site de camping gratuit.
Et une photo historique ci-dessous :
Donc, site historique, hipipipourra; ça mérite de plus amples recherches, quand j'aurai un peu plus de temps.
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