samedi 24 octobre 2009

Overland Track

"The stunning scenery and the physical challenges of this mountain walk have ensured that the Overland Track has built a national and international reputation as one of the great wilderness bushwalks"

L'Overland Track, c'est une marche d'environ 70kms entre Cradle Valley et le lac St Claire, au milieu du 'World Heritage Area' de la Tasmanie. Sur le papier ça a pas l'air difficile, très peu de dénivelé. Sauf que...c'est boueux, humide, très boueux et très humide, notamment au printemps avec la fonte des neiges, qui rend le chemin encore plus boueux et humide. Le sentier a été aménagé sur de larges portions: des planches de bois, plus ou moins récentes, plus ou moins stables...j'y reviendrais plus tard...


Premier Jour.

Nous sommes donc vendredi matin, je gare la voiture au parking de Ronnie Creek, et c'est parti mon kiki! Des provisions pour 4 jours, sacs plastiques pour garder mes vêtements chauds et imperméables et de rechange au sec, tente, sac de couchage, matelas, appareil photo chargé à fond, et moi aussi. J'ai l'intention d'avancer au maximum le premier jour, pour pouvoir aller sur le Mt Ossa (point culminant de la Tasmanie, 1667m) si le temps est dégagé par la suite.7h45, premier pas sur l'Overland Track.


Un Pademelon, interrompu pendant son petit déjeuner, par un français avec un gros sac à dos.


Vue sur Cradle Mountain, à moitié caché par le brouillard...


Et on arrive sur la partie enneigée, environ 200 mètres. N'ayant pas mes grosses chaussures de montagne, je longe la neige pour ne pas me mouiller les pieds. Mauvaise idée, avec la neige qui fond il n'y a que des marécages tout autour. Bien joué Christophe. J'ai les pieds trempés. Il est 8h25.


Le brouillard retombe...

Le brouillard, toujours le brouillard...


Le chemin menant à Waterfalls, la première 'hutte' du parcours.


Voilà le type de sentier que c'est l'Overland. Plus ou moins aménagé,plus ou moins détruit par les intempéries. Impossible de profiter du paysage, on doit constamment garder les yeux rivés sur le sol. Ces aménagements ont été installés pour ne pas dégrader les plantes, et pour faciliter la marche. Néanmoins, il y a beaucoup de planches pourries sur le sentier, gorgées d'eau, glissantes, instables. Forcément, c'est quand tes chaussures commencent à sécher que tu poses le pied sur une planche pourrie qui s'enfonce de 10 centimètres dans l'eau. Et meeeeeeeeerde!
Sur l'Overland Track, en fait, tu passes ton temps à évaluer le meilleur chemin pour chacun de tes pas, t'essaye de résoudre des équations compliquées dans ta tête pour savoir quelle est la surface la plus sûre pour poser ton pied.
Obligé de s'arrêter, de casser le rythme de la marche et se demander quelle est la meileure solution? La première planche à l'air pourrie, les 2e et 3e planches sont à moitié recouvertes d'eau, et sur le côté droit la végétation ressemble à une énorme éponge saturée d'eau; sur le côté gauche il y a une flaque tellement grande que je sais même pas si j'aurai pied en la traversant.
Parfois, t'as déjà le pied en l'air que tu sais pas encore où tu vas le poser. Shplouf! Raté! Et c'est comme ça sur 90% du parcours :)



J'avais l'impression d'être une petite ballerine dansant à l'opéra. Une petite ballerine de 80 kilos avec un sac de 20 kilos qui sautille sur des planches en bois pourries; et glissantes. J'ai souvent glissé. Heureusement, avec mon sens de l'équilibre inné, aiguisé par les cours de surfs de Scarborough, j'suis pas tombé!

****Jeu Interactif****
****Si vous voulez vivre l'expérience de l'Overland track sans sortir de chez vous****
1° Prenez une douche froide, tout habillé, pendant 20 minutes ou jusqu'à ce que vos chaussettes deviennent des éponges;
2° Marchez dans de la boue jusqu'à hauteur des chevilles;
3°Lisez en boucle le texte qui suit, pendant 5heures par exemple:

"Schouik-shouik, shouik-shouik, shouik SHPLAF et merde! schouik zwiiiiip! oupitainjaifaillitombé schplouf! oh re-meeeerde! schouik-schouik, schouik-schouik..."

Vue sur le 'Barn Bluff'.


Vue sur je sais plus, mais j'étais content de voir un coin de ciel bleu!!


Un des nombreux lacs, le lac Holmes.

Proche du lac Wintermere:
Un wombat! Un marsupial qui aime manger, et se gratter, et manger, et se gratter, etc...


Le wombat, pas peureux, prends la pose.

Elle est pas mignonne cette grosse boule de poils?

Voilà, c'était la dernière photo cadrée. 5minutes plus tard, après 17 kilomètres et 5 heures de marche, j'arrive au refuge de Wintermere, et voulant montrer les photos du wombat au couple de québécois, je m'aperçois que l'écran de mon appareil photo ne marche plus; écran blanc, rien, nada, nothing, kaput, fais chier.
Je compte m'arrêter juste le temps de manger puis repartir pour New Pelion Hut; j'enlève mes chaussettes, les presse pour les essorer, et pose mes chaussures au soleil pour les faire sécher un minimum... Jef, le québécois, me propose de poser mes souliers près du poêle; ça se refuse pas; la perspective de passer tranquillement l'après-midi les pieds au sec est trop forte. J'irai demain à New Pelion Hut.
On est que 4 dans ce refuge, Jef et Kathleen de Québec, et Mike de Brisbane. En discutant avec eux, je m'aperçois que mon doux rêve de trouver transport depuis le lac St Claire va être difficile à réaliser. L'Overland n'étant pas une boucle, il est nécessaire de réserver un bus avant de se lancer à l'assaut du fameux chemin boueux. Jef m'apprend que ça coûte cher (100$ par personne si on est trois), et que l'on est obligé de passer une nuit dans le patelin à côté du lac St Claire. Perte de temps et d'argent. Bref, ça sent le caca cette histoire. Moi, je pensais naïvement arriver (puant de transpiration) au lac St Claire et trouver un bus, ou des compagnons randonneurs allant à Cradle Valley, ou être pris en stop par Scarlet Johansson en vacances dans la région; ou encore trébucher sur une lampe magique, réveiller le bon génie avec trois vœux à exhausser.

On se change les idées en partant à la recherche d'autres wombats. A moins de 200mètres du refuge, on en voit un autre, pas peureux, qui passe son temps à manger pendant qu'on le photographie.
On mange, on joue au 'Trou du cul' (rien de sexuel, c'est juste un jeu de cartes). On va au lit.


Deuxième Jour.
On part de Wintermere, direction New Pelion Hut, 16 kilomètres au programme.
Le ciel est couvert, mais il ne pleut pas. Pendant plus d'une heure je réussis à garder mes pieds au sec! On traverse une 'rainforest' (forêt humide?), plutôt joli, mais super-casse-gueule: beaucoup de racines et pierres glissantes. Je mouille le pied gauche d'abord, puis le pied droit, résigné.

Au milieu de la rainforest, je garde le sourire malgré mes pieds trempés.


Voilà les "magnifiques paysages" de l'Overland Track. Franchement, ça casse pas trois pattes à un pigeon voyageur...Beaucoup de plaine, un paysage de steppe, et quand le brouillard se dégage on voit des montagnes, certes, mais plutôt petites, pas très spectculaires. Je m'attendais à beaucoup mieux comme paysages.

On arrive enfin à New Pelion Hut. J'ai les pieds trempés avec des ampoules en formation. J'ai mal aux épaules aussi, parce que j'ai pas l'habitude de porter le sac pendant de longues heures. On met les affaires à sécher près du poêle, on se change, ''on met un gros gilet et c'est bin plaisant, caaalice!''

Mt Oakleigh, vu depuis New Pelion Hut. Pas mal pour une photo pas cadrée, hein?

C'est bizarre, j'oublie un peu tout ici. L'Australie, Perth, Darwin, la France. Je ne pense qu'à mes pieds et à la distance à parcourir demain. Jef et Kathleen sont indécis et réticents à rebrousser chemin, mais pour moi ma décision est prise. Pas question de poireauter à Lake St Claire à attendre un moyen de transport. Bien sûr je préférerai faire la piste en entier, de A à Z. Mais c'est pas possible pour des raisons logistiques; et pi j'en ai vu suffisamment de l'overland track, on a croisé des randonneurs qui nous ont dit que la plus belle moitié était celle que l'on venait de faire. C'était joli par moments, c'est vrai, mais pas magnifique non plus, 'faut pas déconner. Donc demain, demi-tour; et plutôt que d'avoir les pieds mouillés pendant deux jours, je vais faire tout en une grosse journée de marche, avec la satisfaction d'avoir une douche chaude et un vrai repas le soir.

Troisième Jour.
Départ 7h04, sous un brouillard épais, un peu craintif avec mes ampoules, mais une fois dans les chaussures ça va. J'avance plutôt vite, 3h30 pour rejoindre Wintermere, au lieu des 4heures annoncées par la brochure. Je ne m'arrête presque pas, pour ne pas me refroidir, et parce que ça fait mal aux pieds quand je repars. A mi-chemin, il pleut. 1h45 plus tard je suis à Waterfalls Hut, et j'ai les pieds trempés. J'ai l'impression d'avoir un litre d'eau dans chaque godasse. Je continue, sans vraiment faire attention aux flaques d'eau désormais. Dernière ascension pour arriver sur le plateau, et là le vent se lève et souffle assez fort, et je commence à fatiguer un peu, après 6heures de marche.Le chemin paraît plus long.
Chouik schplaf chouik chouik schplouf chouik zwiiiip schplaf scplouf schplouf...
Enfin j'atteins la zone enneigée, la descente, l'arrivée rapide au parking. Il est 15h00. Agréable surprise, j'arrive avant les 9heures annoncées par la brochure. Un peu moins de 8 heures pour avaler les 34 kilomètres depuis New Pelion, je suis plutôt content!

Je me change à la voiture, je mets le chauffage à fond et dévore le toblerone de 200g. Je conduis jusqu'au café de Cradle Valley, prendre un chocolat chaud;les pieds douloureux je marche en canard. Les chaussures ont déteint sur mes ongles et mes pieds, qui sont d'une belle couleur noir-bleu pétrole, laissant suggérer que j'ai la peste, la lèpre ou le scorbut, ou quelconque maladie moyenâgeuse.
Je reprends la route, direction je ne sais trop où.Direction Deloraine. De ce côté de la Tasmanie, il fait beau. Au bord de la route, il y a des p'tits vieux qui s'occupent de leur potager ou de leurs fleurs, et au loin des vaches et moutons qui broutent tranquillement, loin de se douter qu'aujourd'hui un homme exceptionnel a marché pendant 8 heures sous la pluie, et qu'il en est content.
Le backpacker de Deloraine, c'est pépère, c'est comme à la maison. Normal, c'est une maison dont les chambres ont été réaménagées en dortoirs. Située sur les hauteurs de la ville, on jouit d'une vue panoramique sur les p'tits vieux, leurs potagers et les moutons.
Douche chaude comme je m'étais promis; double plat de pâtes; vin rouge; chocolat. Un lit avec un vrai matelas; et un oreiller. Le luxe.





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