jeudi 1 octobre 2009

J'ai léché le cul d'une fourmi

Eh ouais j'ai léché le cul d'une fourmi, c'est pas une blague et c'était délicieux, et c'était dans le Kakadu National Park.­

Lors du dernier message j’étais à Broome, et j’avais chaud ; maintenant je suis à Darwin et j’ai très chaud. Comme disait Georges, « J’ai les bonbons qui collent au papier ».

Accrochez-vous, j’ai écrit une tartine.



J’avais posé quelques annonces à Broome annonçant mon désir ardent d’aller à Darwin, et donc en bref, que je cherchais un ou deux compagnons de voyage. Dimanche matin, Matt (australien) et Debbie (anglaise) me rejoignent pour cette folle aventure. Autant vous dire que ça parle anglais et que jsuis largué assez rapidement. Matt est de Brisbane, état du Queensland, état où l’accent est le plus difficile à comprendre. Au bout d’un moment j’arrête d’essayer de comprendre et je me concentre sur la route. Les yeux rivés sur le thermostat, guettant la moindre hausse anormale de température. Mais tout va bien en fait, j’avais peur que la voiture surchauffe, mais non. Après 3 heures de route on s’arrête à Fitzroy Crossing, petite ville de l’outback où Debbie a bossé pendant 4 mois au camping-resto-bar. La chaleur est étouffante, on a l’impression de vivre dans un four, thermostat 6, chaleur tournante. On se rafraichit au bar, occupé quasi-uniquement par les locaux (aborigènes) et quelques « cowboys ». VB à 6$, billard et juke-box, ambiance de l’outback garantie. Puis onfile aux gorgesGeikie,on rate de quelques minutes le bateau pour la croisière, où on est supposé voir des crocodiles.

Alors les crocs, y’en a deux sortes : les « freshies », de petite taille (jusqu’à 3mètres) et plutot timides,mais bon ‘faut pas les faire chier non plus ; et y’a les « salties », ou « estuarines », qui peuvent atteindre 9mètres de long, et qui n’ont guère évolué depuis 200millions d’années. Ce sont des machines à tuer très performantes. Heureusement dans ces gorges il n’y a que des freshies.

Petite promenade dans les gorges, au bord de l’eau ; on se baigne ; l’eau est chaude. Pas de crocodiles en vue, juste quelques poissons et des troncs d’arbre qui émergent de l’eau. Je nage jusqu’à la rive d’en face, quand soudain tout à coup, le tronc d’arbre 5mètres devant moi disparaît sous l’eau et se met à nager. Un tronc d’arbre qui nage, quelle drôle d’idée, Didier ! J’ai jamais nagé aussi vite.

Lundi, départ de Fitzroy Crossing, l’objectif du jour étant Kununurra ; la route est longue et monotone, quelques carcasses de kangourou sur le bas-côté… et des rapaces qui se régalent, forcément ; on s’arrête pour le lunch à Halls Creek, petite ville située proche du fameux cratère de Wolf Creek ; fameux car c’est le deuxième plus grand cratère de météorite sur terre, et fameux à cause du film Wolf Creek (où 3 jeunes voyageurs qui s’y arrêtent se font zigouiller par un sérial-killer psychopathe de l’outback, basé d’après des faits réels). Pas le temps de s’arrêter voir le cratère, et pi d’tte façon la route elle est toute défoncée.

Changement de programme à l’office de tourisme : je pensais louer un 4x4 depuis Kununurra pour visiter le Purnululu NP,mais finalement je réserve un tour organisé par une agence, départ mercredi du roadhouse de Warmun. On s’arrête donc à Warmun. C’est au milieu de nulle part. Y’a une piscine, un « trempe-pieds » plus exactement mais l’eau est tellement chaude que c’est même pas rafraichissant…Après deux heures passées sur le camping, on étouffe déjà, et il va falloir patienter jusqu’à mercredi…

Je patiente en lisant « Downunder », le fameux livre de Bill Bryson sur l’Australie ; drôle, intéressant, très bien écrit, je le conseille à tous ceux qui veulent avoir un avant-goût du pays.

Dans l’outback, le bétail est libre de circuler, et on voit souvent des vaches qui broutent au bord la highway, et qui traverse de façon nonchalente en remuant la queue, ou bien qui laissent une énorme bouse sur le macadam. Au camping du roadhouse,il ya donc 3 ou 4 vaches et taureaux,massifs, qui vagabondent…


C’est quelque chose de se faire réveiller en pleine nuit par un taureau qui défonce la clôture pour brouter l’herbe à côté de ma tente ; c’est quelque chose de formidable d’observer cet animal via la ptite fenêtre moustiquaire de ma tente, de croiser son regard pendant 10 secondes, de se demander si il va poser sa bouse devant la tente ou pas, de l’entendre mâcher chomp chomp gloup chomp…


Mardi

Au roadhouse de Warmun, on passe des heures au même endroit : en face des pompes à essences. L’air n’y est pas le plus pur, mais il y a des bancs avec tables, ventilateurs, et lumière le soir. On y voit défiler les voyageurs qui font une courte pause avant de continuer leur traversée du désert. Nous, on est devenus des habitués, en seulement quelques heures on a l’impression de faire partie du décor.

Lecture et piscine, farniente imposé, on papote avec des aussies très sympas autour de la piscine.

Mercredi

Lever dès potron-minet pour se rendre au Purnululu NP et ses fameuses Bungle Bungle !!! Ca m’a coûté 295$, j’éspère que ça vaut le coup ! Le minibus 4x4 passe nous prendre au roadhouse ; on est un ptit groupe de six : un couple de retraités qui vont vraisemblablement souffrir de la chaleur, deux infirmières de Halls Creek en congé, un autre retraité australien (qui a vécu quelques années dans le Luberon) et qui parcourt désormais son pays en camping-car. 30 minutes de route, puis 2 heures sur le chemin chaotique à travers le NP, traversée de cours d’eau, heureusement c’est la fin de la saison sèche donc très sec et très aride. Les cours d’eau on pouvait les traverser en vélo.

Notre guide-driver nous explique tout sur ce Parc National, son nom, sa « découverte » en 1980 quand la télé locale s’y est rendu un peu par hasard sur les conseils d’un gars du bistrot du coin. Le site a été classé au patrimoine de l’Unesco en 1983 si jme souviens bien. Après le p’tit dèj, premier arrêt à l’Echidna Chasm.






Puis re-le chemin chaotique, direction le campement du tour opérator en plein milieu du bush, 39°C, le couple de retraités ressemble à deux grosses écrevisses déguisées en touristes. Le lunch c’était un buffet froid, délicieux, je me suis servi plusieurs fois parce que pour 295$ hein et puis aussi j’avais rien mangé de conséquent depuis 2-3 jours (les saucisses grasses du roadhouse ? non merci !).

Bref, digestion dans le bus climatisé, direction le massif des Bungle Bungle, stupéfiantes formations géologiques situées dans la partie sud-est du parc.


2 éléphants et un chien sont cachés sur cette photo, saura-tu les retrouver ?

Ces roches sont formées de sandstone (blanc naturellement), et plus précisément d’une alternance de couches sandstone et sandstone + silice, lesquelles vont respectivement s’oxyder en orangé et gris-noir à cause des cyanobactéries se développant sur la partie siliceuse. L’alignement des couches est parfait. Le spectacle hypnotisant.


Deux nids de termites nichés sur le côté...







Bouyoubouyouyou il est content d’être sur la photo totophe !!

Le thé de l’après-midi, très appréciable en attendant le coucher du soleil. Du fait des propriétés « drainantes » du thé, j’ai vu le coucher de soleil en faisant pipi ; double plaisir.



Puis c’est la route du retour, toujours chaotique, toujours le bétail qui vagabonde au bord du chemin. Rétrospectivement, faire cette visite via un tour-opérator était un bon choix, car après avoir crapahuté sous un soleil de plomb, j’aurais pas eu l’énergie de conduire 2 heures de plus sur le chemin…oui, chaotique…de nuit…éviter les vaches et wallabies etc…

Jeudi matin, on the road again, on aura passé 3 nuits au Warmun roadhouse, et peu de monde peut en dire autant, et tant mieux pour eux. Sur la route de Kununurra, désertique et longiligne comme à l’accoutumée. Peu de voitures sur la route, il est encore tôt, quelques road-trains seulement. Une voiture en face me fait un appel de phares, girophares et sirène. Je regarde mon compteur 130 km/h. Et meerrrrrde ! Je me gare sur le bas-côté, le policeman se pointe…

- Hey mate how’s doing ?

- Euh…good ! éhéhé…good…

- Do you know what’s the speed limit ?

- Euh, ouane-euhndrède-and-ten-kilométeurs!

- We flashed you at 129 km/h mate, any reasons to go so fast?

- Ah. No.

Je sors du véhicule, permis de conduire, éthylotest. Je précise qu’il n’était pas encore 8h00. Donc éthylotest, rien évidemment. Au roadhouse où l’on était l’alcool est interdit par la loi. Et pas de bottle-shop à 100km à la ronde. Bref, 150$ et deux points en moins. Je ne conteste pas ma faute, mais laissez-moi redéfinir le contexte : on est en plein milieu du désert, la route est droite et plate, pas d’habitations à moins de 100km à la ronde, et il fait déjà trop chaud pour les kangourous pour vagabonder. Pourquoi limiter à 110km/h ? Pourquoi ne pas pousser le vice et limiter la vitesse à 60km/h ? C’est po juste.

L’étape d’après (scrupuleusement collé à 110km/h pile-poil) s’appelle Kununurra, rien de spécial, petite bourgade de l’outback australien. Très bon café néanmoins. On va à la bibliothèque pour accéder à internet, mais vu le prix exhorbitant on s’abstient. Par contre, le café fait son effet, et là je ne m’abstiens pas. Comme disait Jean-Paul Sartre, « Café à 8 heures, caca avant 9 heures ». Encore une fois, les toilettes sentent bon les fleurs et la fraîcheur et brillent de propreté, c’est un vrai bonheur. En partant j’acquiers pour la modique somme de 1$ un best-seller de l’outback australien : « Some of my friends have tails ».

Je me languis de commencer à le lire, connaître l’histoire de Rosa le goanna qui nageait dans la piscine familiale, du chat qui a grandit en étant persuadé d’être un chien et d’autres merveilleuses anecdotes de l’outback. En plus y’a des photos couleurs. Fier de mon achat, on fait quelques courses et on trace la route, mon ipod crache du bon son, il fait beau, on s’entend très bien avec Debbie et Matt, tout roule.


Dans le supermarché de Kununurra…

On s’arrête au Lac Argyle, lac artificiel, situé non loin de la mine de diamants d’Argyle.



On y voit un bébé crocodile, plutôt mignon. Ses parents doivent être moins mignons. On papote encore avec d’autres retraités aussies qui parcourent leur vaste pays en camping-car ou caravane, travaillant de temps en temps dans les fermes (fruitpicking). On continue la route gaiement, on passe la frontière bye-bye le Western Australia bienvenue Northern Territory.


Par contre on n’est pas sûrs du décalage horaire, a-t-on perdu 30 minutes ou 1h30 ? Bref.

On s’arrête pour la nuit sur une aire de camping gratuit, et Lochlan, un p’tit bout d’chou d’environ 6 ans ramène sa poire spontanément, visiblement ravi d’avoir trouvé des copains campeurs pour cette nuit ; il nous donne des conseils sur la route à suivre et où s’arrêter jusqu’à Darwin. Malheureusement pour liu on prolonge jusqu’à l’aire suivante. Feu de camp, pâtes, dingos et wallabies qui gambadent, et ti’punch !

Vendredi, je roule à 130 km/h because dans le Northern Territory c’est la limite, et ça se comprend parce que franchement limités à 110km/h dans le désert hein bon bref.

L’étape suivante est Katherine, et avant de faire les courses on a le flair de s’arrêter dans un troquet, un bon bar de l’outback, avec un guitariste et des clients qui se succèdent sur la scène pour chanter, face à des joyeux danseurs. Chaude ambiance, c’est vivant, alcoolisé mais vivant, vibrant. Le barman ressemble à Hulk Hogan (le catcheur).



La pause fraîcheur de l’après-midi, aux Edith Falls, joli coin, mais l’eau est comme toujours trop chaude pour vraiment nous rafraichîr.


Le panneau de prévention des crocodiles…

Direction le Kakadu National Park (prononcez caca doux). Oui, les Australiens ont un parc national qui s’appelle « caca doux ». Ca ne fait rire que moi dans la voiture, mais oh eh tous ces kilomètres sous le soleil, au milieu du néant, ça affecte le cerveau. Bref. Caca doux.

Pour accéder au campement, c’était moins drôle, 40km de chemin chaotique, trous et bosses, de nuit. Au milieu de la forêt. C’est glauque. Avec la peur de voir la température augmenter trop rapidement. Et les panneaux de prévention « Extrem Danger – Crocodiles » à chaque passage de cours d’eau (asséchés ou sous un pont, heureusement). Le chemin, en mauvais état, semble interminable, obligé de rouler à 20-30 km/h, ça secoue, j’entends des nouveaux bruits sous la voiture, je m’attends à perdre le pot d’échappement ou autre d’ici peu.

On arrive au campement en bon état, on dîne à la bougie, et « à l’anglaise ». Debbie concocte un mélange de pâtes, sauce tomate, sauce pesto, et une boîte de conserve 1er prix de haricots mixés, le tout surmonté du fromage qui a passé 48 heures dans la voiture. C’est anglais, mais c’est pas dégueu ! Et avant ça je les avais initiés au foie gras, il me restait une petite boîte envoyée par ma maman chérie ! On s’endort au son des dingos qui se chamaillent.

Samedi, natural swimming pool party. No comment, les photos suffisent ; j’aurais pas pu être plus heureux, on était tellement peinards là-haut ! Je vais bientôt me sortir les doigts du c.. et faire des dessins







L’après midi, on visite le centre culturel aborigène, très intéressant, sur l’histoire des différentes communautés qui se partagent ce territoire, leur culture, leur histoire.

On s’arrête à un « point de vue remarquable » absolument banal, sauf que…y’a des fourmis au cul vert ! Matt en prend une, me la tend en souriant et me dit de lui lécher le cul. Toi d’abord, que j’lui dis, éh pas folle la guêpe. Il le fait. Je le fais aussi. Oui, j’ai léché le cul d’une fourmi verte. Avant de vous décrire le goût, laissez moi signaler que c’est pas évident d’attraper la fourmi par ses ptites pattes et la léchouiller sans l’écraser.

Elle s’appelle weaver,ou « fourmi verte »,ou http://en.wikipedia.org/wiki/Oecophylla_smaragdina



Ca a un goût acidulé, comme un bonbon au citron, sucré et légèrement picotant. J’imagine que ça doit donner des forces, mais j’imagine qu’il faut lécher une bonne centaine de culs de fourmis pour faire un repas complet. Vu la difficulté de la manœuvre, je peux vous affirmer que jamais Ô grand jamais je ne ferai de tel repas. Je me demande ce qu’elles ressentent ces fourmis. P’têt qu’elles aiment ça les coquines, qu’elles ont développé cette particularité en sachant pertinemment qu’elles se feraient lécher le cul pendant des années par des humains crédules…Bref.

On continue la route jusqu’à Ubirr, où l’on campe. Y’avait une grenouille sous la douche (c’était pas moi).

Dimanche, dernier jour dans le Kakadu NP, on sue à grosses gouttes. A Ubirr, les peintures murales sont magnifiques, et sont datées de 2000 à 3000 ans. Kangourous, poissons, tortues et autres personnages se superposent.



Almangiyi (tortue au long cou)







Le point de vue est sympa également, surtout quand on imagine que pendant la saison humide, la plaine est totalement inondée, seuls les cimes de certains arbres pointent hors de l’eau. Ce doit être quelque chose de formidable à voir. Ca me donne une bonne occasion de revenir !

La batterie de mon ipod est vide, on roule sur Darwin sans musique mais toujours en sueur.


Prochain message : Darwin et le Ghan

Puis : Reptiles

Puis : Uluru

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